Analyse longitudinale du microbiote vaginal au cours d’un protocole de FIV avec transfert d’embryon frais et en début de grossesse
Väinämö S, Saqib S, Kalliala I, Kervinen K, Luiro K, Niinimäki M, Halttunen-Nieminen M, Virtanen S, Nieminen P, Salonen A, Holster T. Longitudinal analysis of vaginal microbiota during IVF fresh embryo transfer and in early pregnancy. Microbiol Spectr. 2023 Dec 12;11(6):e0165023. doi: 10.1128/spectrum.01650-23. Epub 2023 Oct 26. PMID: 37882794; PMCID: PMC10715154
L’infertilité est un problème de santé publique majeur qui conduit de nombreux couples à rechercher des solutions adéquates, parmi lesquelles la fécondation in vitro (FIV), considérée comme la plus efficace. Pourtant, seul un tiers des femmes parviennent à donner naissance à un enfant après le premier transfert d’embryon par FIV. Les facteurs affectant l’implantation de l’embryon ne sont pas encore complétement élucidés, mais le microbiote de l’appareil reproducteur féminin pourrait jouer un rôle-clé. Cette étude a examiné si la composition du microbiote vaginal au moment du transfert d’embryons frais pouvait avoir un impact sur le succès de FIV et si le microbiote vaginal variait entre la FIV et le début de la grossesse. Les résultats ont confirmé le rôle bénéfique des lactobacilles vaginaux, en particulier celui de Lactobacillus crispatusE, dans la probabilité d’obtenir une grossesse et une naissance viable à la suite d’une FIV. De même, pendant la grossesse, le microbiote vaginal a évolué vers une prédominance de L. crispatusE, y compris dans les cas où ce microorganisme était indétectable avant la grossesse. Ceci indiquerait que la plupart des femmes possèdent un réservoir de ce lactobacille bénéfique. Ces résultats inédits fournissent de nouvelles informations sur la dynamique du microbiote vaginal dans les premières étapes de la grossesse. Ceci pourrait aider les cliniciens à optimiser les conditions du transfert d’embryons par l’évaluation ou la modulation du microbiote vaginal et guider le choix du moment de ce transfert lorsque le microbiote est le plus favorable.
Commentaire JM Bohbot
Plusieurs méta-analyses1-2 ont montré un lien entre dysbiose vaginale et échecs répétés d’implantation (ERI) au cours des protocoles de FIV. Sans surprise, dans l’étude finlandaise, L. crispatus était l’espèce bactérienne la plus abondante chez les femmes avec réussite d’implantation et celles ayant mené à terme leur grossesse. A contrario, L. iners était dominant chez les femmes en échec d’implantation. Mais le principal intérêt de cette étude est la mise en évidence des modifications du microbiote entre le transfert d’embryon et le début de grossesse. Sur les 21 microbiotes de femmes enceintes, 10 présentent un changement important de la composition du microbiote vers une dominance de L.crispatus, même si cette bactérie n’était pas présente lors du transfert d’embryon. Cette transition pose le problème de l’existence d’un réservoir de lactobacilles susceptibles de dominer le microbiote quand les conditions locales se modifient. Plus que l’adjonction de probiotiques, une simple modification de l’environnement vaginal (prébiotiques, acide lactique…) pourrait favoriser une eubiose bénéfique pour le bon déroulement de la grossesse. Une des limitations de cette étude est qu’elle ne précise pas la composition du microbiote avant le traitement hormonal de stimulation, source connue de diminution du nombre de lactobacilles.
- Gao X, Louwers YV, Laven JSE, Schoenmakers S. Clinical Relevance of Vaginal and Endometrial Microbiome Investigation in Women with Repeated Implantation Failure and Recurrent Pregnancy Loss. Int J Mol Sci. 2024 Jan 3;25(1):622. doi: 10.3390/ijms25010622. PMID: 38203793; PMCID: PMC10779912.
- Peuranpää P, Holster T, Saqib S, Kalliala I, Tiitinen A, Salonen A, Hautamäki H. Female reproductive tract microbiota and recurrent pregnancy loss: a nested case-control study. Reprod Biomed Online. 2022 Nov;45(5):1021-1031. doi: 10.1016/j.rbmo.2022.06.008. Epub 2022 Jun 17. PMID: 35934639.