Impact de l’exposition à la pollution atmosphérique sur la composition du microbiote cervico-vaginal

Impact de l’exposition à la pollution atmosphérique sur la composition du microbiote cervico-vaginal 750 500 AMUR

Impact de l’exposition à la pollution atmosphérique sur la composition du microbiote cervico-vaginal

Oyebode IH, Just AC, Ravel J, Elovitz MA, Burris HH. Impact of exposure to air pollution on cervicovaginal microbial communities. Environ Res. 2023 Sep 15;233:116492. doi: 10.1016/j.envres.2023.116492. Epub 2023 Jun 22. PMID: 37354930; PMCID: PMC10527781.

La communauté bactérienne vaginale de type IV est un facteur de risque d’accouchement prématuré spontané et est retrouvée plus fréquemment chez les populations afro-américaines par rapport aux populations d’origine caucasienne. Cette étude a cherché à quantifier les associations entre la pollution de l’air, en particulier les particules fines <2,5 μm de diamètre (PM2,5), avec la communauté de type IV et à évaluer si la mesure l’exposition aux PM2,5 pouvait expliquer les différences de prévalence de la communauté de type IV entre les origines ethniques. Les résultats ont montré que les participants d’origine afro-américaine avaient une exposition médiane aux PM2,5 plus élevée que les participants d’origine caucasienne (10,6 vs. 9,6 μg/m3, p< 0,001) et une prévalence plus élevée de communauté de type IV (47 % contre 11 %, p < 0,001). L’exposition aux PM2,5 peut expliquer en partie les différences entre les origines ethniques dans la prévalence de cette communauté bactérienne. D’autres recherches sont nécessaires pour découvrir comment les expositions environnementales affectent la composition microbienne et participent aux disparités ethniques en matière de de santé.

Commentaire  JM Bohbot

Ravel J et al1 avaient montré qu’il existait des différences de composition du microbiote vaginal entre femmes caucasiennes vs femmes afro-américaines, ces dernières ayant plus fréquemment un microbiote plus diversifié, non optimal voire dysbiosique (classe IV de la classification de Ravel). Plusieurs pistes étaient évoquées, (génétiques, conditions socio-économiques…). La pollution atmosphérique pourrait également faire partie des étiologies de cette variabilité du microbiote.

Dans une récente revue de la littérature2 portant sur des études chez l’animal et chez l’humain, un lien a été démontré entre l’exposition à des taux élevés de particules fines PM2.5 et une diminution de la diversité du microbiote intestinal avec, dans certaines études, une augmentation des phénomènes inflammatoires et du stress oxydatif.2.

L’étude en référence a cartographié, grâce à des capteurs terrestres et un satellite de la NASA, les taux de PM2.5  dans une région de Pennsylvanie. Les auteurs concluent que les populations afro-américaines vivent généralement dans des zones à plus forte exposition aux PM2.5 et qu’il existe un lien entre la concentration en PM2.5 et un microbiote vaginal de classe IV avec un risque de complications gravidiques (fausses couches spontanées, prématurité, rupture prématurée des membranes).

Selon l’agence Européenne de l’environnement3, 97 % de la population européenne est exposée à un seuil supérieur au seuil défini par l’OMS4 soit 5 µg/m3 de PM2.5. Il existe de grandes variations selon les pays. Ainsi la France a un taux d’exposition aux PM2.5 situé entre 5 et 15 µg/m3 alors que certaines villes du nord de l’Italie ou de la Pologne dépassent les 20 µg/m3.

Il serait intéressant de comparer dans ces zones si le taux d’accidents gravidiques est supérieur à d’autres régions moins exposées. Quoi qu’il en soit, il apparaît comme pour le microbiote intestinal, que la pollution atmosphérique peut impacter négativement directement ou indirectement (via une dysbiose intestinale) la composition du microbiote vaginal via des mécanismes à préciser.

  1. Ravel, J., et al 2011. Vaginal microbiome of reproductive-age women. Proc. Natl. Acad. Sci. USA 108, 4680–4687.
  2. Van Pee T, et al Ambient particulate air pollution and the intestinal microbiome; a systematic review of epidemiological, in vivo and, in vitro studies. Sci Total Environ. 2023 Jun 20;878:162769. doi: 10.1016/j.scitotenv.2023.162769. Epub 2023 Mar 11. PMID: 36907413.
  3. Emission of the main air polluants in Europe European Environment Agency (12 sept 2023)
  4. World Health Organization. (‎2021)‎. WHO global air quality guidelines: particulate matter (‎PM2.5 and PM10)‎, ozone, nitrogen dioxide, sulfur dioxide and carbon monoxide. World Health Organization. https://iris.who.int/handle/10665/345329.